Préparation mentale et développement personnel

LE MYTHE DU COACH PROVIDENTIEL

04/03/2021

La plus grosse erreur que le grand public fait à propos des coachs individuels (qu’ils soient coachs/préparateurs mentaux, préparateurs physiques, player development coachs), c’est de croire que la réussite/valeur d’un coach est directement corrélée aux résultats des athlètes qu’il accompagne.

Quand un athlète décroche des titres, enchaîne les succès, il s’agit des siens. Ceux qu’il a construit, lui-même, et non pas ceux des personnes qui l’ont accompagné vers ces succès.

Bien évidemment, ces personnes ont été cruciales dans l’apprentissage nécessaire à la construction desdits succès mais leur importance est à diviser (entre les formateurs, les entraîneurs, les coachs individuels et tous les autres professionnels qui l’accompagnent) mais aussi à relativiser. 

Un coach individuel peut avoir parmi sa clientèle des athlètes qui réussissent à gagner des titres, et d’autres non. Est-il un bon coach dans un cas et un mauvais dans l’autre ? La vérité est bien plus complexe que ça.

Pour le grand public, c’est évidemment plus simple de faire des raccourcis. “Oh, ce mec a bossé avec Kobe Bryant, c’est forcément un bon.” Ce qui n’est pas forcément le cas. Il s’agit d’un biais psychologique/cognitif (l’association) où l’on associe les succès et les échecs d’un athlète au(x) coach(s) qui l’accompagne(nt). Les marques l’ont bien compris en payant des fortunes aux athlètes à succès pour associer leur image à la leur (et donc leurs succès aux leurs).

Tim Grover, qui a été le préparateur physique de Michael Jordan et Kobe Bryant, était déjà Tim Grover avant de travailler avec eux. Le fait qu’il ait travaillé avec eux ne l’a pas rendu forcément meilleur ou bon. C’est son travail, sa discipline, ses propres recherches, sa remise en question, sa volonté d’être meilleur qui l’ont rendu bon, indépendamment du nom de ses clients. D’ailleurs, je ne l’ai jamais rencontré ni même travaillé avec lui donc je ne peux même pas dire s’il est vraiment bon ou pas mais je me suis assez documenté sur lui pour avoir un avis positif sur son travail. 

Personnellement, en tant que coach mental, je m’astreins à prendre du recul et à être mesuré. Bien sûr que les succès personnels des athlètes que j’accompagne me font plaisir, et que leurs échecs me contrarient, mais ils ne sont pas significatifs du coach que je suis car ma part de responsabilité dans leurs succès ou leurs échecs est minime. 

D’ailleurs en tant que coach mental, mon échelle d’évaluation est tournée vers moi, vers ma propre pratique. Je ne suis pas responsable des succès ou échecs des athlètes que j’accompagne mais je suis, par contre, entièrement responsable de mon accompagnement, des outils que j’utilise, de ma posture, de mon écoute, de ma déontologie, etc. 

Donc comprenez une chose : je ne serai pas un meilleur coach si j’accompagnais LeBron James ou Cristiano Ronaldo demain. J’aurais juste la chance de travailler avec des athlètes d’exception et les apprentissages seraient mutuels. De plus, ce n’est pas parce que je communique peu sur mon métier de coach, par rapport à mes articles de presse que je relaie régulièrement, et que j’exerce une autre profession en parallèle que je ne suis pas entièrement coach. Je suis coach comme je suis entièrement journaliste, comme je suis entièrement entraîneur de basket-ball à côté, comme je suis entièrement un mari, un frère, un fils, un ami. 

Ce que j’écris peut être difficile à comprendre ou à être accepté par le public, ou par les coachs eux-mêmes, parce que l’ego entre en jeu. C’est tentant et valorisant de se dire que des champions réussissent grâce à nous mais ce serait mentir aux autres et à soi-même. Je pense qu’il est très important de comprendre ça et d’arrêter de croire aux coachs providentiels. Ça n’existe pas. C’est au mieux du marketing (ou de la promotion) au pire de l’arnaque.

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